J’ai décidé de me rendre au week-end parents, car j’avais le sentiment que cela m’aiderait à mieux comprendre ce qu’est la toxicomanie et que cette démarche aiderait mon fils et moi-même à avancer sur le chemin de la Vie et de la reconstruction. Je savais que d’autres parents et amis concernés par le sujet seraient présents, entre autres certains des parents que je rencontre tous les mois sur Paris et auprès desquels je trouve soutien et réconfort.
Je garderai un excellent souvenir de ces deux jours. Je suis repartie remplie de confiance et de force avec au fond de mon cœur une petite lumière qui brille et me permet de croire au bonheur simple, à l’amour et de cheminer doucement en vérité sous le regard de Marie notre mère de miséricorde.
Une maman
Nous sommes Marie-Christine et José, les parents de Nicolas, un ancien de St Jean Espérance.
Nous avons vécu ce parcours si douloureux de tout parent qui voit son enfant partir à la dérive à cause de la drogue. St Jean Espérance a permis à Nicolas de sortir de la toxicomanie et d’être à nouveau du côté de la vie. Nous avions, quant à nous, bénéficié des premières réunions de parents.
L’accueil bienveillant des Frères, des bénévoles et de parents d’anciens nous avait redonné de l’espoir, permis de redresser la tête, aidé à reconstruire des relations familiales mises à mal pendant ces périodes noires. C’est tout naturellement et pleins de reconnaissance que nous avons accepté de seconder les Frères dans les relations avec les parents.
Notre expérience et le témoignage d’autres familles nous avaient persuadés de l’importance, pour la guérison du jeune, de l’adhésion des proches à sa démarche.
Concrètement, nous établissons un contact téléphonique avec les parents des jeunes nouveaux arrivés. Une fois par an, nous organisons un WE à Orléans où nous sommes accueillis par les Sœurs de St Jean. Ces réunions permettent de rencontrer les Frères et Soeurs, d’écouter leur enseignement, de découvrir la pédagogie de l’association, de créer des liens de soutien et de solidarité entre parents. Elles aident à comprendre la nécessité de faire, nous aussi, un chemin personnel de guérison en parallèle à celui de notre enfant, de reprendre confiance et espoir, de préparer l’après St Jean Espérance.
Marie-Christine et José
« Je suis arrivée aux Besses avec son petit frère qui est aussi son filleul.
Accueillie à bras ouverts, je me sentais dans un autre monde : ambiance de paix, de sérénité. Quand j’ai vu mon fils, j’ai eu du mal à le reconnaître, il a bonne mine, de bonnes couleurs et puis il a acquis une maturité qu’il n’avait pas, avant ; et ses yeux, pleins d’amour, avec un regard bien franc, brillant de joie quand il a vu son petit frère ! Et il m’avait préparé une jolie chambre, il avait pris soin de bien balayer l’hôtellerie et de me faire un joli bouquet à la tête de mon lit. Il avait fait cela pour moi !
Aux Besses, la vie est rythmée : il y a un temps pour chaque chose et chaque chose doit être bien faite, jusqu’au bout. J’ai tout visité : la ferme, le jardin où j’ai fait du désherbage tout l’après-midi en compagnie de mes fils, ils ont même réussi à convaincre mon petit d’arracher les salades. Il y avait longtemps que je n’avais pas ri d’aussi bon cœur ! L’ambiance était si bonne que je n’ai pas vu le temps passer ! Mais après le travail, il y a le temps du réconfort : pause goûter ! Tous regroupés autour de la table du salon, les échanges sont joyeux.
Je retrouvais ce fils qui s’était égaré, cette joie que l’on avait perdue dans la tempête.
Après la journée de travail est venu le temps de la prière. Les frères et les jeunes se sont tous retrouvés dans la petite chapelle, l’ambiance y est douce, presque tendre.
Au moment de partir, j’ai senti que je pouvais faire confiance à mon fils, que son travail sur lui-même, s’il avait été dur, très dur, l’avait transformé, l’avait grandi. Quelle fierté !
J’ai juste envie de vous dire qu’il faut prier avec nos enfants ; qu’il ne faut pas hésiter à aller partager la douleur qui est la nôtre. Les personnes qui n’ont pas d’enfant toxicomane ne peuvent pas savoir ce que nous vivons. Alors il faut rejoindre les groupes de parents où l’on peut échanger, prier, se sentir soutenus. « Mon fils était perdu et je l’ai retrouvé ! ».
Une maman venue rendre visite à son enfant.
J’aimerais vous parler d’une dimension bien plus importante que les effets du cannabis sur notre santé physique ou psychique : ce sont «les effets» du cannabis sur l’amitié et les relations humaines.
Je parle par expérience car maintenant que j’accomplis un chemin pour me sortir de la drogue, je me pose souvent cette question : « Pourquoi ne nous dit-on jamais, à nous les jeunes, que le cannabis détruit l’amitié ? » Ce sujet nous concerne tous car L’AMITIÉ EST LE POINT FONDAMENTAL DE L’EXISTENCE d’une personne humaine, c’est la finalité de notre vie.
On a tous commencé à fumer avec des copains et je dirais que la grande « magie» du cannabis est cette soudaine complicité.Alorspourquoilecannabisest-ilune DROGUE HYPOCRITE ? Parce qu’il nous donne l’illusion des valeurs de l’amitié, il nous fait croire à l’amitié. En fait c’est tout le contraire, car le cannabis détruit le plus beau cadeau de la vie, cet échange entre deux personnes basé sur une réelle complicité, sans arrière-pensées et dans le seul but de découvrir l’autre en toute simplicité et gratuité, sans un support matériel.
Alors quel désastre d’apprendre à aimer une personne uniquement pour notre propre plaisir car nous ne pourrons jamais développer une véritable amitié pendant le reste de notre vie et ce, à cause de notre égoïsme. Quelle tristesse de passer à côté d’un bonheur que nous recherchons tous.
Ancien de Saint Jean Espérance
“J’ai eu plusieurs “rencontres” avec les produits. Ayant grandi entourée d’un père alcoolique et d’adultes qui aimaient les soirées avec beaucoup de boissons et de cannabis, LA CONSOMMATION ABUSIVE ÉTAIT POUR MOI QUELQUE CHOSE DE BANALISÉ DANS MON INCONSCIENT. Puis à l’adolescence, il y a eu la rencontre du petit joint, de la petite bouteille où mes premières réactions ont été : “c’est vrai que c’est sympa, on rigole bien”. En connaissant donc les conséquences de la conso dévastatrice par mon enfance chaotique, j’étais persuadée que ça ne pourrait pas m’arriver d’aller trop loin et de ne plus pouvoir m’en passer.
SANS QUE JE M’EN RENDE COMPTE , je suis passée d’une après-midi de temps en temps, à quasiment tous les soirs de conso. Quand on rencontre l’alcool ou la drogue on ne se dit pas : « ça y est, j’ai trouvé ma voix, je veux devenir alcoolique ou drogué dans la vie ! » Mes premiers fous rires étaient avec les joints et l’alcool donc forcément on a envie de continuer. Il y a des personnes, leur passion c’est l’escalade par exemple, moi c’était les soirées.
Avec du recul, je me rends compte que pendant l’effet des produits, ÇA SOULAGEAIT MES MAUX. C’est pour ça que j’aimais tant consommer. Aujourd’hui je dois réapprendre à vivre avec chaque jour, à travailler mes blessures. Mon travail de rétablissement m’a permis de découvrir plein de choses sur moi, notamment que j’aime les relations vraies, etc.
Je suis convaincue que RIEN N’EST PERDU pour personne, même quand l’enfance a été compliqué comme moi. En effet c’est dur, mais c’est toi qui décide de ton futur, de ta vie !”
Ancienne de Saint Jean Espérance
“À 15 ans j’ai découvert le cannabis, ma première drogue . Très vite, j’ai perçu les effets destructeurs : un plaisir éphémère suivi d’un profond mal-être. À cet âge, j’ai aussi commencé à boire beaucoup en soirées, me réveillant dans la fatigue et la déprime. Ces moments qui devaient être festifs m’ont enfermé dans une spirale destructrice.
Avec le temps, l’accoutumance a aggravé ma consommation. À 21 ans, j’ai essayé la cocaïne, cherchant un apaisement que je ne trouvais jamais. En novembre 2023, j’ai pris la décision de rejoindre Saint Jean Espérance pour avancer vers la sobriété.
Ma polytoxicomanie (cigarettes, cannabis, alcool, cocaïne, ecstasy) m’a conduit à une maladie psychiatrique : la SCHIZOPHRÉNIE. Une surconsommation d’ecstasy au festival Dour a déclenché ma première crise, me plongeant dans deux mois d’enfer. Les drogues, autrefois perçues comme des solutions, sont devenues des poisons. Dépression, idées suicidaires, échecs répétés : SEUL, JE N’Y ARRIVAIS PAS.
Aujourd’hui, après six ans de combat, je témoigne : on ne s’en sort pas seul. La clé est d’accepter de demander de l’aide. Refuser dès le premier essai reste le choix le plus sûr, car une dose suffit à changer une vie.”
Ancien de Saint Jean Espérance
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